Thailande:Manifestation
15.03.2010 - 11:05:12

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AFP, Mise a jour: 15/03/2010 10:22

Thaïlande: le gouvernement résiste à la pression des "rouges"

Des dizaines de milliers de "chemises rouges" se sont réunies lundi devant le quartier général de crise du Premier ministre thaïlandais à qui ils promettent de manifester jusqu'à obtenir sa démission, une demande qu'Abhisit Vejjajiva a une nouvelle fois rejetée.





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Les manifestations se sont déroulées sans incident, mais deux soldats ont été blessés dans l'explosion de plusieurs grenades lancées dans une enceinte militaire.

Les "rouges", favorables à l'ex-Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra, qui étaient environ 90.000 dans le centre de Bangkok selon les estimations de la police, avaient lancé dimanche un ultimatum de 24 heures à Abhisit pour qu'il quitte ses fonctions.

Lundi, ils ont été des dizaines de milliers à se réunir dans le calme devant le 11e régiment d'infanterie, à une vingtaine de kilomètres du centre-ville, où le gouvernement s'est retranché avec l'état-major militaire.

Abhisit, qui a quitté son QG en hélicoptère peu avant l'arrivée des manifestants, a réitéré sa volonté de rester au pouvoir.

"Les manifestants demandent la dissolution du Parlement (...). La coalition a estimé que cette demande ne pouvait être acceptée", a-t-il déclaré à la télévision.

"J'ai réaffirmé que mon gouvernement était issu d'une élection au Parlement et soutenu par une majorité de députés (...) Le chaos ne sera pas provoqué par le gouvernement et je veux rassurer la population sur le fait qu'il continuera de travailler".

Les "rouges" ont ensuite progressivement quitté les lieux pour revenir vers le centre de Bangkok.

Les autorités craignent des débordements après les manifestations d'avril 2009 qui avaient fait deux morts, et ont mobilisé jusqu'à 50.000 soldats, policiers et civils volontaires dans et autour de la capitale. Mais le face-à-face entre manifestants et forces de l'ordre était jusqu'à présent plutôt bon enfant.

Devant le QG de crise du gouvernement, manifestants et militaires se sont même échangés quelques mots par haut-parleurs interposés, parfois en Isan, le dialecte parlé dans le nord-est du pays et d'où viennent une grande partie des manifestants.

"Les soldats sont des amis du peuple et ne ferons pas de mal au peuple", a ainsi clamé un responsable militaire aux "rouges".

Aucune hypothèse n'était officiellement retenue quant aux cinq ou six grenades lancées sur le 1er régiment d'infanterie de l'armée, dont quatre seulement ont explosé. L'état de santé des deux soldats touchés n'inspirait pas d'inquiétude.

"Nous n'avons pour l'instant aucune information sur les auteurs", a indiqué le colonel Sunsern Kaewkumnerd, porte-parole militaire.

Les "chemises rouges" jugent Abhisit illégitime et refusent d'attendre les prochaines élections prévues en principe fin 2011, arguant que Thaksin a été renversé par un coup d'Etat en 2006 après avoir été réélu.

Mais le Premier ministre, arrivé au pouvoir fin 2008 par un jeu de renversements d'alliances parlementaires, conserve le soutien de l'armée et ne semble pour l'heure pas directement menacé par sa coalition.

Dimanche soir, Thaksin avait invité ses partisans à "ne pas abandonner" le combat, dans une vidéo-conférence depuis une ville européenne non précisée.

Le magnat des télécoms continue de dominer la vie politique depuis l'étranger. Les "rouges" le considèrent comme le seul homme politique à s'être jamais préoccupé de leur sort, tandis que les élites de la capitale lui reprochent son populisme, son affairisme et la menace qu'il représente selon elles contre la monarchie.