Thailande:Manifestation suite 08.04.2010 !!
08.04.2010 - 15:34:17

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AFP, Mise a jour : 08/04/2010 10:46
Les premières mesures de l'état d'urgence tombent en Thaïlande
Le pouvoir en Thaïlande a pris jeudi la première mesure consécutive à l'instauration de l'état d'urgence en débranchant la chaîne de télévision des manifestants qui, loin de faiblir, exigent toujours la tête du Premier ministre et annoncent un nouveau rassemblement.



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Abhisit Vejjajiva a fait taire la "Chaîne du Peuple", qui a retransmis en direct depuis mi-mars les diatribes des responsables des "chemises rouges", favorables à l'ex-Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra et décidés à obtenir par tous les moyens des élections anticipées.

"Il était normal que les autorités compétentes agissent (...) car cette télévision a été utilisée pour mobiliser les manifestants", a justifié à l'AFP Satit Wonghnongtaey, ministre auprès du Premier ministre. La même mesure a été promise aux radios communautaires favorables au mouvement.

Abhisit, qui a renoncé à des voyages à Washington et Hanoï pour se consacrer à la crise, est désormais au pied du mur, pressé par son camp de ramener la sérénité dans la capitale, harcelé par des leaders "rouges" à la conviction intacte et soucieux malgré tout d'éviter le bain de sang.

"C'est une mesure diabolique d'un gouvernement dictatorial", a protesté Nattawut Saikuar, un cadre "rouge", en évoquant la rupture du faisceau. "Le gouvernement a tort de penser que couper le signal empêchera les +rouges+ de se rassembler".

L'opposition a appelé à une nouvelle manifestation dès vendredi. "Je veux avertir ceux qui veulent réprimer les manifestants pour la démocratie que ce ne sera pas facile", a déclaré Jatuporn Prompan, un autre cadre du mouvement.

Abhisit, au pouvoir depuis décembre 2008 à la faveur de décisions de justice et de renversements d'alliances parlementaires, est dans le collimateur des manifestants depuis presque quatre semaines.

Venus essentiellement des régions rurales du nord et du nord-est du pays, bastion de Thaksin, les "rouges" semblent avoir gagné le coeur de certaines franges populaires de la périphérie de Bangkok. Tous jugent Abhisit illégitime et l'accusent de servir les élites traditionnelles du pays.

Après des tentatives de dialogue, l'ambiance est désormais à la surenchère. "Je retire notre proposition de démission sous 15 jours", a déclaré Jatuporn. "Abhisit ne peut même pas rester en fonction une journée de plus".

Le chef du gouvernement a jusqu'à présent accepté de négocier des élections anticipées mais pas avant la fin de l'année. Il conserve, pour l'heure, le soutien des militaires et promet que la violence ne sera pas privilégiée, un an après les débordements d'avril 2009 qui avaient fait 2 morts.

"Notre objectif n'est pas de provoquer une confrontation", a expliqué son porte-parole, Panitan Wattanayagorn. "Nous espérons que dans un jour ou deux, nous verrons une réduction du nombre de manifestants", a-t-il ajouté, évoquant l'"extrême prudence" des forces de l'ordre.

"Les officiers peuvent maintenant détruire les voitures qui obstruent les carrefours, ils n'auront plus à les rembourser", a-t-il cependant stipulé.

Les "rouges" continuent de leur côté d'affirmer qu'ils auront la tête du diplômé d'Oxford, 45 ans, avant lundi, début des célébrations de Songkran, le nouvel an traditionnel thaïlandais au cours desquelles beaucoup de manifestants seront tentés de rentrer chez eux.

Pour l'instant, aucune violence n'a été déplorée. Des grenades sont lancées régulièrement dans la capitale, mais elles ne font en général que des dégâts mineurs et des blessés légers.