"Yingluck", première ministre thaïlandaise !!
05.08.2011 - 18:40:40

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Bangkok, Correspondant - Yingluck Shinawatra vient d'ajouter une touche de glamour à la politique thaïlandaise. Cette femme grande et belle, qui a fêté son 44e anniversaire le 21 juin, a créé un précédent historique en devenant la première femme à la tête d'un gouvernement du royaume.




Mais tout le monde s'interroge sur ses capacités à diriger un cabinet tant son inexpérience politique est patente. Sa victoire, elle la doit à l'ombre portée de son frère Thaksin, symboliquement omniprésent durant la campagne électorale. L'ancien premier ministre renversé par les militaires en 2006 et qui se trouve en exil à Dubaï pour échapper à une peine de prison pour corruption a dit dès le début que Yingluck, comme tout le monde l'appelle ici, était son "clone".

Le slogan du parti de sa sœur, le Pheu Thaï, qui a remporté haut la main le scrutin législatif du 3 juillet, était sans détour : "Thaksin pense, le parti exécute…" Yingluck est totalement novice en politique mais elle n'en a cure : "Je suis une femme d'affaires et, si je suis élue, je dirigerai mon gouvernement comme une entreprise", nous expliquait-elle en mai, durant la campagne électorale.

S'exprimant dans un anglais châtié, cette ancienne étudiante en administration publique de l'université du Kentucky racontait qu'elle était issue d'une famille de politiques et avait "été baignée dès [son] plus jeune âge dans la politique". La dame ne paraissait nullement intimidée par la tâche qui l'attendait. Si ses discours de campagne n'ont pas dépassé le niveau d'un populisme consistant à promettre monts et merveilles aux paysans, elle a surpris tous les observateurs par son aisance.

CHARISMATIQUE

Sur scène, cette jeune femme, inconnue du grand public il y a quatre mois et qui n'avait jamais fait un discours devant de telles audiences, a su se montrer chaleureuse, charismatique. Quelques semaines plus tôt, elle était encore à la tête de SC Asset Corporation, une entreprise appartenant au clan des milliardaires Shinawatra.

Le fait d'être une femme dans un monde politique encore largement dominé par le sexe masculin ne l'effraie pas non plus: "Je pense que la Thaïlande est mûre pour se doter d'un premier ministre femme", observait-elle, estimant que "la Thaïlande a changé".

Elle va avoir fort à faire pour convaincre ses adversaires de sa capacité à conserver son indépendance dans le processus de décisions. Les journaux qui lui sont hostiles ou affichent leur scepticisme publient chaque jour des articles expliquant comment, depuis Dubaï, le "grand frère" est en train de dresser la liste du futur cabinet. Jeudi 5 août, Yingluck a été contrainte de faire une déclaration, assurant que "la sélection des membres du gouvernement se fait ici en Thaïlande et que Thaksin et d'autres membres de ma famille ne sont pas impliqués".

Saura-t-elle ainsi s'affirmer contre l'image de son frère, adulé par les masses du nord-est pauvre du pays ? Durant la campagne, le "clone" a attiré des foules nombreuses et passionnées. Elle a montré que la jeune femme riche de la ville possédait une forte capacité d'empathie à l'égard du monde paysan. Désormais, le plus dur reste à faire : montrer qu'elle n'est pas seulement le double d'un exilé politique et rassurer ses adversaires en se démarquant de l'image de celui qui lui assure, pour l'instant, sa seule source de légitimité politique.